Dans un brouepub loin de chez vous
Dans un brouepub loin de chez vous
Les nouvelles du spore
Les nouvelles du spore
Mon TOP 25
Mon TOP 25
La remise des gloutons
La remise des gloutons
In a
In a brewpub far from you
far from you

Les mondes possibles de Hopfenstark


«Le souci de sa propre image, voilà l'incorrigible immaturité de l'homme». Si vous vous laissez emporter par cet élan de pensée du volubile Milan Kundera, vous trouverez sans aucun doute la façade de cette toute jeune microbrasserie très… mature. Mais l’extérieur sobre recèle quelques bijoux bien dissimulés aux abords de la rivière L’Assomption. Hopfenstark, ce nom aux allures rigides qu’est le vaisseau de création des deux cousins Frédéric et Hugues, nous offre pourtant des bières autant complexes que savoureuses et s’avère être une des nouvelles brasseries vedettes dans un marché de la bière artisanale québécoise en pleine expansion. Si à un jeune âge ils s’inventaient des jeux de société afin de reconstruire la scène géopolitique, les deux comparses réussissent maintenant, avec leurs bien plus gros jouets, à améliorer la scène microbrassicole québécoise.

L’éveil des papilles est inévitable lors de la première gorgée de leur toute nouvelle Hooligan, par exemple, une Bitter dans laquelle un parfum de houblon floral tourbillonne dans un corps périlleusement facile à boire. Une amertume terreuse est entrelacée d’un fruité d’agrumes qui supplie pour une prochaine gorgée encore plus ample. Leur Black Francis Stout a nul doute le même objectif: en développant amplement de mélasse sucrée et de grains de café rôtis dans son corps soyeux, il assouvit les désirs de soif nocturne les plus exigeants. Cette traditionnelle pinte de Stout est bien nourrie et agrémentée d’une touche de levure fruitée qui allège le sucré offert par le malt généreux.blonde33 (10K)

Cette nouvelle brasserie artisanale se doit d’être aussi louangée pour sa «p’tite blonde». Habituellement, cette couleur sans dénomination stylistique fixe sert de bière d’introduction, celle que l’on offre au mon’oncle qui nous accompagne et qui a peur de tout ce qui ne ressemble pas à sa bonne vieille Laurentide. Mais chez Hopfenstark, cette Ostalgia Blonde est d’un raffinement audacieux. Des céréales fières atteignent les narines alors que les houblons sages chatouillent avant d’inonder le profil de saveurs avec verve. Ces houblons nobles herbacés s’envolent effectivement en bouche vers une amertume feuillue, gravitant autour des céréales croquantes. Le corps ample et la carbonatation douce, ainsi que le profil houblonné rappellent même les lagers non-filtrées franconiennes.ipa33 (12K)

Pour amateur de houblon aguerri, il y a la Postcolonial IPA. Cette IPA non-filtrée est dominée par des houblons américains qui offrent généreusement leurs allures d’épine de conifère, d’orange amère et de terre fraîche. Toutes plantées dans un sol malté nourrissant, ces pousses de saveurs houblonnées sont assez franches pour qu’on les reconnaisse aisément à chaque gorgée et assez divertissante pour que l’on puisse passer toute la soirée avec elles. Rares sont les India Pale Ales de ce gabarit dans le nord-est de l’Amérique.

saison1633 (13K)

Le voyage autour de la planète gambrinale se poursuit dans les styles belges, version Hopfenstark. Une gamme de Saisons est née récemment dont la Saison Station 16, brassée avec du seigle. Une levure aux allures de pain frais, des oranges et un houblonnage tendre, épicé et herbacé vivent dans un corps onctueux créé par le seigle. Ronde et franche, elle proclame sa ruralité clairement. La Blanche de l’Ermitage, quant à elle, une witbier classique, propose des graines de coriandre fraîchement moulues s’unissant au houblon épicé et gazonné afin de peindre une personnalité rustique. Un fruité rappelant les agrumes s’ajoute aux céréales croquantes et une bière rafraîchissante est née.

balticporter33 (10K)

Au royaume des bières fortes, Hopfenstark offre la Baltic Porter de l’Ancrier. Le rôti et la mélasse offerts par cette grande créature d’ébène vivent dans un corps riche, intelligemment équilibré par une finale houblonnée et légèrement sûre. Une sècheresse boisée s’ajoute à la version vieillie en fût de chêne, alors qu’une chaleur d’alcool chatouille un fruité de raisins. À Noël, c’est la Yule qui nous gâte. Muscade, cannelle et clou de girofle titillent les narines, mais n’exagèrent jamais. Si les épices à dessert ne vous intéressent pas, vous ne serez sûrement pas un grand amateur de cette bière. Mais si vous aimez festoyer, vous trouverez un fruité juteux rappelant les raisins noirs et l’hibiscus qui entrelacent ces épices et les rendent très accessibles. 5star33 (6K)Si vous êtes comme moi, vous aurez peut-être le goût de l’essayer réchauffée tel un glühwein…

Au moment où j'écris ces lignes, Hopfenstark vient de fêter son premier anniversaire avec, entres autres, la Kamarad Friedrich Russian Imperial Stout. Intrigués? Si le salon de dégustation de L’Assomption ne vous convient point, sachez que vous pourrez trouver les bières de Frédéric et Hugues à quelques endroits à Montréal, dont l’excellent Vices & Versa, ou à Québec, Drinking-Buddies-10.jpg (23K)à la Ninkasi sur la rue St-Jean. Votre tournée des mondes possibles de Hopfenstark risque bien d’être mémorable!

Martin Thibault est un dérivé moderne de la mondialisation. Globe-trotter invétéré, il prétend amasser expériences et sensations à travers le monde pour mieux les redistribuer par ses enseignements domestiques. Mais en realité, tout ce qu'il désire faire est rapporter des bouteilles pour les dégustations quasi-hebdomadaires qu'il organise depuis plusieurs années, écrire sur ses voyages et gérer une partie du contenu de www.ratebeer.com.